Petits Havrais envoyés en Algérie pendant la guerre
Ancien d’Algérie, Marcel Venel a lancé un appel dans nos colonnes pour retrouver de petits Havrais qu’il avait connus là-bas.
Marcel Venel continue ses recherches sur ses petits copains normands.
Lorsqu’il était enfant, Marcel Venel vivait à Bréa, un petit village près de Tlemcen, en Algérie. Du haut de ses 5 ans, il a gardé un souvenir très vivace de l’arrivée d’enfants venus de Normandie pour échapper durant quelques mois aux privations de l’Occupation. Aujourd’hui installé à Nîmes, le septuagénaire n’a jamais oublié « ces quatre ou cinq petits Normands qui étaient avec moi à l’école communale de Bréa »,
Marcel Venel sollicitait après une discussion avec d’anciens d’Algérie, membres comme lui d’une association de rapatriés, il avait pu mesurer que les transferts d’enfants de l’autre côté de la Méditerranée avaient été beaucoup plus importants qu’il ne l’imaginait.
Un périple éprouvant
En se livrant à des recherches, M. Venel est tombé sur une édition du Petit-Havre daté du 3 octobre 1941. On pouvait y lire : « 110 petits Havrais ont pris le train pour le soleil de l’Algérie ».
Une semaine après la parution de notre article dans lequel il lançait un appel pour retrouver la trace de ces enfants partis du Havre pour l’Algérie à l’initiative de la Croix-Rouge, de la Ligue des familles nombreuses et du centre Georges-Guynemer, Marcel Venel a été largement entendu.
« J’ai reçu une trentaine de contacts, téléphoniques et courriels, concernant entre soixante et soixante-dix enfants de l’époque. Ils étaient trois par famille dans certains cas. Ces enfants, après un périple éprouvant, se sont retrouvés dans de très nombreuses familles, principalement dans des villes et villages de l’Algérois et de l’Oranais, où ils ont séjourné, les premiers pendant trois ou quatre mois, et ensuite, jusqu’à l’été 1945 où ils ont été ramenés chez eux et ont découvert leur région natale dévastée », témoigne M. Venel.
L’émotion, 70 ans après
« On m’a cité le cas de deux ou trois enfants hébergés dans un centre, qui ont été oubliés jusqu’en 1946. Tous mes correspondants, sauf une personne, m’ont affirmé avoir conservé un excellent souvenir de leur séjour, confie l’ancien habitant de Bréa. J’ai vivement ressenti l’émotion de mes interlocuteurs, dont certains, pendant quelque temps, ont gardé des contacts avec, comme ils les appelaient : Tata, Tonton, Marraine et Parrain. »
Dans les témoignages qu’il a recueillis, il mentionne que certains de ces enfants - au demeurant peu nombreux - avaient pu rencontrer des membres de leur famille d’accueil après le retour des Français d’Algérie en métropole.
Marcel Venel attend encore quelques lettres et des réponses à ses questions. Il a prévu de prendre la plume pour adresser une lettre récapitulative résumant le résultat de son enquête à toutes les personnes qui ont répondu à son appel.
« Lors de mes recherches, j’ai appris que Pierre Anglade a, depuis de nombreuses années, consacré une partie de son temps à une étude très poussée sur l’envoi en Algérie d’enfants normands. Il finalise un projet de livre et est à la recherche d’un éditeur », mentionne M. Venel, qui serait évidemment très heureux qu’un éditeur normand s’intéresse à ce travail.
L’enfant de Bréa recherche d’autres témoignages. Il promet de répondre à tous les messages.
C. P. avec ST. G.
Marcel Venel : tél. 04 66 27 24 60, marcelvenel@orange.fr & pierre. anglade31@sfr.fr |